Document Type

Article

Publication Date

2018

Abstract

La fiction naturaliste est une source particulièrement fertile en représentations de la douleur et des attaques cruelles susceptibles d’être endurées par le corps humain. Si Le Jardin des supplices (1899) d’Octave Mirbeau en est un exemple relativement connu, Le Dragon impérial (1869), un bestseller de Judith Gautier, fille aînée de Théophile Gautier, est voué aujourd’hui à une obscurité relative. Cet essai s’attache à corriger cette situation en examinant la parenté particulière et jusqu’ici inexplorée qui unit les deux auteurs. Il s’avère que tous deux accordent une position proéminente au sang, à l’horreur et au macabre et qu’ils envisagent la violence comme la pierre d’angle de la beauté esthétique. Alors que Zola et ses confrères orientalistes considèrent le Japon comme l’incarnation de l’Orient, Mirbeau et Gautier lui préfèrent la Chine, qu’ils imaginent comme un site privilégié informé par la mort.

À la lumière de la notion de plaisir du texte mise en avant par Roland Barthes, nous examinerons plusieurs scènes de violence et de torture tirées du Jardin des supplices de Mirbeau et du Dragon impérial de Gautier aux fins de déterminer les relations que de telles représentations présupposent entre auteur, lecteur et texte. Plus précisément, nous chercherons à mettre en avant la position problématique du lecteur qui se trouve tout à la fois dans la situation d’un sadique prenant indirectement plaisir à la souffrance qu’il est forcé de confronter et dans celle d’un masochiste qui se complaît aux manipulations de l’auteur. Enfin, nous souhaitons démontrer comment ces œuvres explorent, par des voies différentes, le point de vue de Michel Foucault, selon lequel la spécularité fait partie inhérente du “supplice.”

Journal Name

Excavatio: Emile Zola and Naturalism

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